reykjavík – avril 2016
je m’en voudrais de généraliser – nous n’avons parcouru que 280 km (the golden circle) – mais ce que nous avons vu de l’islande était particulier, inhospitalier, viril, froid, rocailleux, sans tendresse… il ne pouvait y avoir que des vikings (et aussi, paraît-il, des moines irlandais dont on a retrouvé quasiment aucune trace) pour s’établir sur ce gros caillou volcanique. gageons que si leurs instruments de navigation avaient été plus sophistiqués, ils se seraient plus sûrement installés sur la côte d’azur. faut pas déconner, même les vikings n’auraient pas craché sur un peu de confort (oui, le négresco était déjà construit à l’époque). faut-il d’ailleurs s’étonner que la population atteigne aujourd’hui péniblement 329 040 habitants (dont deux tiers à reykjavík, signe que la dureté de la roche, ça rebute) sur un territoire deux fois grand comme la suisse qui, elle, compte plus de 8,2 millions d’âmes?
fondée au 9e siècle de notre ère, reykjavík (la baie des fumées en islandais, ainsi baptisée à cause des fumerolles causées par les sources géothermales qui surgissaient du sol sous forme vaporeuse) n’est pas vraiment, comme le sont souvent les capitales, représentative du pays qui l’entoure. les maisons à l’architecture tantôt « américaine », avec leur habillage de bois aux couleurs (parfois très) vives, tantôt « scandinave », avec leur simplicité limite austère, tantôt « européenne » tendance post-moderne ou à l’inverse très mallet-stevens, font du centre ville une pause souriante et bienvenue dans cet environnement sans douceur excessive.
à ce propos, que l’islande ne soit située qu’à 250 km du cercle polaire n’empêche nullement certains (ni certaines) autochtones de se balader en t-shirt genre même pas mal (alors que les rafales de vent font chuter de plusieurs degrés une température déjà pas bien élevée) ni d’aller manifester sur la place du parlement armés de cartons rouges, de casseroles, de poêles ou de tout autre ustensile susceptible de faire du bruit, afin de pousser le premier ministre à partir vraiment du gouvernement.
bien sûr, nous n’avons pas tout vu, loin s’en faut, mais, malgré la pluie (1,5 jour sur 3), le vent et la langue (décidément imprononçable), nous avons aimé. pas autant que bilbao, bruxelles ou new york, soyons clair, mais notre court séjour nous a instruits, dépaysés, surpris, divertis, charmés. et c’est à ça que servent les voyages, non?
deux mots sur cette langue descendant, si j’ose dire, en droite ligne de la langue viking. certains klugscheißer me diront deux points ouvrez les guillemets ah ouais, tu la trouves difficile, toi?! non, c’est une question de logique, une fois que t’as compris comment ça fonctionne, c’est pas plus dur que le norvégien ou le finnois! fermez les guillemets. en attendant, voici trois exemples. le simple: norðurslóð (une rue); un peu plus difficile: reyðarfjörður (un fjord); et pour finir le mot le plus long: vaðlaheiðarvegavinnuverkfærageymsluskúraútidyralyklakippuhringur (un anneau sur un porte-clés pour la porte extérieure du cabanon à outils utilisé par les ouvriers chargés de l’entretien des routes sur la colline de Vaðlaheiði). alors, on fait toujours le wise ass? n’empêche que moi, maintenant, je sais prononcer eyafjallajökull!
enjoy!

en se baladant au bord de l’atlantique, la première chose que l’on voit est cette sculpture baptisée sólfar ou sun voyager (jón gunnar árnason, 1990). elle évoque les origines du peuple islandais – les vikings – et leur moyen de transport de prédilection, le drakkar.

harpa est un nom qui a été choisi le 11 décembre 2009, jour de la fête de la musique islandaise. salle de concerts et centre de conférences, son architecture déstructurée est due au cabinet danois henning larsen, en collaboration avec les artistes islandais olafur eliasson et einar Þorsteinn ásgeirsson. il a été inauguré en 2011 et a reçu deux ans plus tard le prix mies von der rohe.

à l’origine, harpa devait faire partie d’un ensemble comprenant notamment hôtels, restaurants, siège de la banque nationale. mais avec la crise de 2008, le gouvernement a été contraint d’abandonner le projet pour ne terminer que la construction de la salle de concerts.

en haut de la skólavörðustigur (rue où se trouvait notre pension), trône la hallgrímskirkja, église luthérienne imposante autant que sobre. l’architecte guðjón samúelsson commence sa construction en 1945 mais n’en verra jamais la fin puisqu’elle a été terminée en 1986. un peu comme antoni gaudí avec sa sagrada familia à barcelone.

le nom de la hallgrimskirkja rend hommage au pasteur hallgrímur pétursson. sur l’esplanade est érigée une statue de leifur eiríksson (970-1025), qui découvrit l’amérique (ça, christophe colomb, comme dirait alexandre astier, c’est pour ton petit cul).

vue sur le nord-ouest avec, dans l’axe, la skólavörðustigur qui descend sur la vieille ville. en bas, la statue du découvreur de l’amérique leifur eiríksson. si on avait un super-téléobjectif (et que la terre n’était pas si ronde), on pourrait apercevoir, au fond, le groenland…

une visite au musée d’art de kjarvalsstaðir, qui abrite les oeuvres de jóhannes sveinsson kjarval (1885-1972), l’un des artistes les plus influents et respectés d’islande.

un peu plus bas, vers la vieille ville, sur laugavegur, LA rue commerçante de la ville. certaines maisons sont décidément très pittoresques…

en descendant vers la reykjavík pond (la mare de reykjavík), la couleur contraste avec la sobriété d’une maison que mallet-stevens aurait pu dessiner…

au pied de la vieille ville, la reykjavík pond (la mare de reykjavík), lieu de promenade pour les humains et de villégiature pour les canards et les jars. à droite, au fond, on aperçoit l’hôtel de ville…

toujours des couleurs (limite fleur bleue parfois) pour compenser la grisaille qui peut arriver d’un instant à l’autre…

la voilà, la grisaille: le port (et harpa à droite) vu du 1er étage du musée d’art (qui présentait une exposition de l’artiste erró, guðmundur guðmundsson de son vrai nom).

reykjavík, c’est aussi ça, des quartiers en démolition (ou en reconstruction). ici à deux pas du port.

en pleine vieille ville se trouve le reykjavík 871 +/-2, le musée de la colonisation de l’islande. pourquoi +/-2? parce que l’éruption volcanique qui a précédé l’arrivée des premiers colonisateurs vikings a été datée de 871 avec une marge d’erreur de plus ou moins deux ans…

le musée expose aussi les quatre livres racontant l’histoire de l’islande (les sagas islandaises): premiers colonisateurs et rois de norvège, chroniques des 12e et 13e siècles islandais, et hauts faits légendaires. ces livres font l’objet de controverses quant à leur origine et à leur authenticité.

c’est parti pour un petit périple de 280 km en mini-bus hors de reykjavík pour aller voir geysir, là où se trouve notamment le geyser de strokkur, les chutes de gullfoss et le parc national de Þingvellir, où les plaques tectoniques d’amérique du nord et d’eurasie se séparent…

traversée d’une colline. il y a de la neige à 500 m alors qu’il faisait beau quand nous avons quitté la capitale… le guide nous informe qu’en hiver, il est très difficile de s’orienter car tout est blanc et on ne distingue plus ce qui est devant, derrière, à droite, à gauche. m’est avis que c’est la raison pour laquelle les panneaux ont un fond jaune, au contraire des nôtres qui sont blancs: pour être vus.

découverte du site de geysir où se trouvent différents geysers, dont le grand geysir, actif depuis 800 ans mais en sommeil relatif aujourd’hui. il est éclipsé par son voisin le strokkur, dont les éruptions ont lieu toutes les 10 minutes environ…

depuis la route, impossible de deviner que derrière ce plat pays se cache un canyon formé il y a des centaines d’années par une fonte cataclysmique des neiges, créant ces chutes dites de gullfoss (chutes dorées)…

c’est ici même, non loin du parc national de Þingvellir, que les plaques tectoniques d’amérique du nord et d’eurasie se séparent.

le parc national de Þingvellir, classé au patrimoine mondial de l’unesco. c’est là que les vikings fondèrent en 930 le premier parlement démocratique du monde. les séances se tenaient en plein air, dans une sorte d’amphithéâtre naturel formé de rochers, et que les lois étaient récitées par un homme de lois qui les connaissait par coeur (on imagine bien aujourd’hui, un gars qui réciterait par coeur rien que les 800 pages de la loi el khomri, mdr)…

brunch islandais avant de partir. jambon fumé, agneau (je crois), oeufs brouillés, pommes de terre, muesli, pamplemousse, orange et, sur la gauche, un petit shot d’huile de foie de morue…

sur la route de l’aéroport, paysage typique de la maison isolée « à l’islandaise », genre j’aime ma tranquillité…
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