l’alhambra, genève – mars 2014
avertissement: les photos présentées ici m’appartiennent. vous n’avez donc pas le droit de les utiliser sans m’en demander la permission…
bâti entre 1918 et 1920 sur les plans de l’architecte paul henri jules perrin, l’alhambra est d’abord baptisé du nom latin d’omnia afin d’indiquer la polyvalence du lieu. il accueille en effet cinéma, théâtre, music-hall (maurice chevalier et mistinguett s’y produiront notamment), opérettes, conférences et même soirées sportives. qualifié dès sa création par la revue cinéma suisse de « plus grande et plus belle salle de l’image animée de suisse », l’omnia aura une autre particularité: il sera équipé dès 1928 de la première installation de cinéma sonore du pays. en 1931, l’enseigne « alhambra » prend place sur la façade. sauvé de la démolition puis classé monument historique en 1996, l’endroit est fermé fin 2004 pour restauration intérieure. mais les façades extérieures n’ont jamais cessé de subir les assauts du temps, des intempéries et de la pollution. la ville de genève a donc profité de ce que l’édifice était fermé et couvert d’échafaudages pour lancer également leur rénovation. inauguré le 27 mars dernier (2015), le résultat est bluffant. l’entreprise responsable de la réfection a recréé à l’identique le crépi d’origine, en retrouvant, à partir d’échantillons du matériau original, la carrière d’où provenait le sable. un maçon magicien a fait le reste, mélangeant avec savoir-faire ciment blanc, ciment gris et colorants avec des liants afin de restituer à la perfection toute la subtile apparence de la pierre telle que la voulut en son temps l’architecte perrin. à propos de pierre, l’illusion a été perpétuée par ladite entreprise de rénovation puisqu’un peintre a souligné les délimitations verticale et horizontale des briques (en fait des lignes creusées dans le crépi) afin de créer l’illusion. les photos ont été prises avec mon portable, désolé donc pour la qualité un peu hasardeuse…

la réfection s’est surtout portée sur les descentes d’eau pluviales, le long des colonnes, qui étaient, avec le temps, complètement pourries, et avaient beaucoup dégradé les colonnes.

les briques apparentes sur toute la surface des façades du bâtiment ont en fait été dessinées avec un fer en négatif, c’est-à-dire creusées verticalement et horizontalement dans le crépi. pour marquer les joints et améliorer le rendu, un peintre a ensuite peint tous les négatifs en noir.

les deux colonnes ont fait l’objet d’un sablage et d’un bouchardage, c’est-à-dire qu’elles ont été piqués par un marteau hérissé de pics.

l’entrée était tellement dégradée qu’elle a été intégralement refaite. le crépi a été retiré pour découvrir toutes sortes de matériaux (ciment, brique, pierre et même parfois papier journal!). le mur ainsi mis à nu était tellement irrégulier en termes de profondeur qu’il a fallu tout « redresser », c’est-à-dire aplanir et lisser à l’aide d’un mortier collé sur le support existant sur lequel a été appliquée la couche de finition en crépi. le maçon a réalisé un travail d’alchimiste pour retrouver la couleur naturelle de la pierre d’origine, entre le blanc et le jaune.

l’entrée principale a retrouvé son lustre d’antan, avec l’inscription d’origine – omnia – au-dessus de l’inscription actuelle.

la marquise a elle aussi retrouvé son éclat. une petite plaque renseigne sur l’architecte: paul henri jules perrin, dont le fils – paul henri oscar – construira en 1928 le cinéma-carouge, rebaptisé bio-72 en… 1972, et finalement cinéma bio.

bien que la salle soit désormais destinée à la musique amplifiée, elle n’a tout de même rien perdu de son look cinéma…

j’ai une tendresse particulière pour cette photo car je n’avais jamais vu l’enseigne sous cet angle…

il y avait trop de monde dans l’ancie3nne salle de l’alhambar (qui n’a, soit dit en passant, plus rien à voir avec le bar à brunches baba-bobo que l’on a pu connaître). j’ai donc préféré prendre en photo la salle de l’étage supérieur, bien plus calme et reproduite quasi à l’identique.

en redescendant, vers le 1er étage, l’escalier rouge-noir-gris respecte les codes couleurs de la maison…

devant la nouvelle salle remplaçant désormais l’alhambar, une inscription géante en arabe: al-hamra, la rouge. logique…

la nuit tombe déjà et un morceau de la culture de la ville de genève renaît, comme au bon vieux temps. alléluia!
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