bâle: fasnacht – février 2016
le carnaval de bâle, cela faisait un bon bout de temps que nos cops nous gratifiaient de toutes sortes de réactions. émerveillées: c’est magique! ah c’est quelque chose! il faut voir ça au moins une fois dans sa vie! on n’en loupe pas un! blonds façon gad: ah ouais, t’y es pas encore allé?! tragicomiques: couuuuuuaahhhhh?!?!?!? vous n’y êtes pas encore allés (très importante, la ponctuation)!?!?!?!?!? mi-envieuses mi-désespérées: ha, bande de ienchs, ça fait des années que je veux y aller, vous me raconterez, hein, hein?? pleeeeaaaase!!!!
donc, cette année on a franchi le cap et on s’est dit: « hop (littéralement) on y va »!
des festivités qui durent 72 heures d’affilée, à commencer par le morgenstreich (morgestraich en bâlois) qui débute le lundi à 4h du matin pétantes (précision suisse). les lumières de la vieille ville s’éteignent toutes d’un coup aux cris enthousiastes d’une foule nombreuse (jamais vu autant de monde dans les rues d’une ville si tôt le matin) et les cliques prennent alors le relai. les figurants (vorträbler) ouvrent la marche en portant des lanternes, soit sur leur tête (pour les petites), soit au bout de bâtons (pour les moyennes), soit à bout de bras (pour les grandes), au son de fifres et de tambours. au début, chacune des cliques est censée jouer le même air, mais rapidement les mélodies évoluent vers des morceaux semblant totalement libres.
comme dans tous les carnavals, le fasnacht est l’occasion de revenir sur des événements de l’année écoulée, qu’ils soient politiques, économiques, sportifs, locaux, nationaux ou internationaux, et d’égratigner au passage des personnages qui les ont faits. chaque année, donc, un sujet domine. les années précédentes, c’étaient par exemple les travaux envahissants en ville ou les selfies. cette année, le thème général était « mer mache dicht » (« on met la clé sous la porte »), illustré sur la « plaquette » (pin’s servant de ticket d’entrée au carnaval et à des expos), dont l’acquisition (partout dans les rues) est facultative mais appréciée car le produit de sa vente permet de financer les différentes cliques, et dont il existe plusieurs versions à des prix différents (de chf 8.- en cuivre à chf 100.- en plaqué or). les sujets en découlant, très nombreux, étaient chacun adoptés et illustrés par chacune des cliques, d’abord au cours du morgenstreich, puis sur les chars des cortèges, les lundi et mercredi après-midi. parmi ces sujets, on a pu remarquer par exemple l’argent et la corruption (fifa, sepp blatter, platini, foot, la grèce), la mort des commerces en centre-ville, le trafic, le boire et le manger, la fusion bâle-ville/bâle-campagne. en tant que touriste ne parlant pas le bâlois, il était évidemment impossible de repérer et de comprendre tous les sujets. mais on a quand même pu apprécier des ghostbusters en costumes de serpillières, des clowns, des personnages de la guerre des étoiles, des jokers. on a même vu hollande, si j’ose dire.
nous ne sommes restés que la première journée du fasnacht, le temps de voir une partie du cortège du lundi après-midi. d’une richesse incroyable, les waage (les chars), pour certains très élaborés, suivaient un parcours fixe (contrairement aux cliques du matin dont le trajet était plus « anarchique ») de 10 km entre la rive gauche et la rive droite, découpés en 4 secteurs (steinenberg, clarastrasse, wettsteinbrücke et schifflände) empruntant les deux ponts (mittlere et wettstein). les 12 000 participants distribuaient par centaines, principalement aux enfants, dääfeli, autrement dit des bonbons, mais aussi oranges, mimosa, roses et autres petits objets. mais comme rien ne se fait gratuitement, il faut recevoir pour… recevoir. autrement dit, il faut parfois recevoir des räppli, c’est-à-dire des confetti (parfois par sacs entiers) pour être « récompensés » de ces objets. moi j’avais prévu la capuche (tu vas voir qu’on va en retrouver dans nos sacs dans six mois :)), mais j’ai réussi à attraper deux ou trois bricoles (voir photo du butin). les jeunes filles étaient en général celles qui en recevaient le plus. surtout les blondes, allez savoir pourquoi. d’ailleurs, on conseille de mettre la plaquette en évidence pour ne pas se faire repérer par les waggis (les occupants des chars) qui n’hésitent pas, paraît-il car je n’en ai pas vu, à descendre pour venir vous étouffer de confetti sous les quolibets de la foule. les gens défilaient en costume en distribuant des zeedel, banderolles en papier sur lesquelles étaient imprimés des pamphlets relatant le thème choisi.
au final, on n’a vu qu’une petite partie du carnaval mais c’était déjà très cool. on a loupé l’exposition des lanternes sur la place de la cathédrale, les schnitzelbangg, ces vers chantés et accompagnés de dessins ironiques et satiriques de l’année écoulée, et le concert des gugge (ces groupes typiques).
de la musique à gogo, de la traditionnelle soupe de farine bâloise à 6h du matin, des cortèges en veux-tu en voilà, des confetti par milliers de kilos, une ambiance bon enfant, bref, une expérience (fatigante mais) très très sympa et des souvenirs plein la tête. comme d’habitude. en plus, nous étions descendu au merian hotel, et notre chambre (panorama, sèlvôplé) donnait sur le mittlere brücke (on peut difficilement faire plus central). que demander de plus?
enjoy!

dimanche 14, mittlere brücke by night. petite balade avant d’aller dodo, car demain matin, réveil à 3h…

lundi matin, 3h50. la foule se positionne sur le mittlere brücke en attendant le coup d’envoi de 3 jours de festivités…

lundi matin, 3h55. la foule se positionne sur le mittlere brücke en attendant le coup d’envoi de 3 jours de festivités…

lanternes de taille moyenne, portée au bout de bâtons. comme dans tous les carnavals, la dimension satirique de la vie politico-sportivo-financiairo-économique locale (avec des digressions vers l’international tout de même) échappe totalement au touriste moyen que nous étions en l’occurrence. un peu comme une revue genevoise le serait pour tout outsider digne de ce nom. cela dit, nous fûmes (oui, un passé simple de temps en temps) tout de même émerveillés par les couleurs, la créativité et la richesse des costumes, l’ignorance n’empêchant nullement l’appréciation.

tout le monde est concerné par le fasnacht, même et surtout les enfants, auxquels le 2e jour est consacré…

lundi, fin d’après-midi, en retournant à la gare. l’un des bacs (celui-ci vous amène au pied de la cathédrale) qui permettent de traverser le fleuve sans passer par les ponts. point besoin de moteur ni de pollution: un système ingénieux de traction effectuée par un câble relié à un filin tendu d’une rive à l’autre combiné à la force du courant, et le tour est joué…

lundi, fin d’après-midi, en retournant à la gare, nous disons au revoir à cette petite ville magnifique et jetons un dernier regard sur le carnaval qui est loin de s’achever. vue panoramique de la rive droite, depuis le pied de la cathédrale, avec à gauche le mittlere brücke et à droite le wettstein brücke.
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